"Le terme d’Economie sociale et solidaire regroupe un ensemble de structures qui reposent sur des valeurs et des principes communs : utilité sociale, coopération, ancrage local adapté aux nécessités de chaque territoire et de ses habitants. Leurs activités ne visent pas l’enrichissement personnel mais le partage et la solidarité pour une économie respectueuse de l’homme et de son environnement. Le modèle économique de l’ESS est au service de la société et du citoyen."
Source : Le Labo de l'ESS
L’Économie Sociale et Solidaire (ESS) est un mode d’entreprendre, regroupant des organisations et des entreprises prônant une autre économie, basée sur des valeurs et un mode de gouvernance spécifique. Plusieurs principes les regroupent :
. La gestion démocratique
Les dirigeants sont élus et les décisions sont prises selon le principe « 1 personne = 1 voix » (et non en fonction du capital détenu). La gestion est autonome et indépendante des pouvoirs publics.
. La libre adhésion
Toute personne qui le souhaite peut participer, adhérer ou prendre des responsabilités dans une organisation de l’ESS, ou en partir.
. L’utilité collective ou sociale du projet
Le projet d’une organisation de l’ESS a une utilité collective ou sociale, réalisé au service d’un collectif et non au service de l’intérêt d’une seule personne.
. La solidarité et le projet collectif
Les personnes et le projet collectif priment sur le capital et la recherche de profit.
. La mixité et l’hybridation des ressources
Pour poursuivre leur objectif de production de bénéfices collectifs, les entreprises de l’ESS hybrident différents types de ressources.
. La juste répartition des excédents
Les excédents constitués et provenant d’une mixité de ressources sont prioritairement destinés au développement de l’activité car il n’y a pas d’actionnaires à rémunérer et leur appropriation individuelle est interdite. Les fonds propres ne sont pas partageables. Historiquement composée de structures d’économie sociale (associations, coopératives, mutuelles ou fondations qui en constituent encore aujourd’hui l’ossature), l’ESS s’est élargie à de nouvelles formes d’entrepreneuriat : économie solidaire, insertion par l’activité économique (IAE), entreprises adaptées, entrepreneuriat social… Ces catégories peuvent aussi avoir un statut d’économie sociale.
L’ESS est présente dans l’ensemble des secteurs d’activité de l’économie, depuis les services aux entreprises et aux personnes jusqu’à l’industrie, en passant par l’agriculture, le commerce ou le bâtiment. A travers la loi de 2014, l’ESS est reconnue comme une composante essentielle de l’économie, elle apparaît aujourd’hui comme une alternative pertinente, une autre façon de faire de l’économie se souciant du partage des richesses produites, du développement local des territoires, de la qualité des emplois créés, de l’implication des citoyens dans les projets de responsabilité sociale ou sociétale… Laboratoires d’expérimentation, les entreprises de l’Économie Sociale inventent sur le terrain des réponses aux besoins sociaux et territoriaux. De grandes innovations qui font aujourd’hui partie de notre vie quotidienne en sont issues.
Ainsi sont nés :
• À l’initiative des associations : l’aide à domicile, l’alternative à l’hospitalisation, la prise en charge des personnes handicapées, les villages de vacances, la formation qualifiante, les associations et entreprises d’insertion par l’économique, les centres sociaux…
• À l’initiative des mutuelles de santé : la création de la Sécurité Sociale via les sociétés de secours mutuel, la couverture maladie universelle, les indemnités journalières en cas d’accident, la promotion du médicament générique, le tiers payant…
• À l’initiative des mutuelles d’assurance : le constat amiable, les garages agréés, le tiers payant en assurance automobile…
• À l’initiative des coopératives : le contrôle qualité des produits, l’animation sociale en milieu rural, les prêts bancaires à taux variables, le chèque- déjeuner…
Une autre façon d’entreprendre
L’ESS a pour vocation de mettre en œuvre des projets innovants qui concilient intérêt collectif et activités économiques, tout en répondant aux besoins des populations et des territoires non ou mal satisfaits, contribuant à un développement local, durable et solidaire, et ce dans de nombreux secteurs d’activités : protection des personnes et des biens, approvisionnement, financement, logement, insertion sociale, lutte contre les inégalités, développement durable… L’ESS représente un écosystème qui favorise les innovations sociales et le développement économique des territoires à travers :
• Des filières émergentes : finance solidaire, éco-activités (recyclage, réemploi…), circuits courts…
• Le maintien et la création d’emplois de proximité, de cohésion sociale (lien intergénérationnel), d’innovation, de développement durable, de transition énergétique…
• Des mutualisations qui permettent la création d’emplois durables et non délocalisables : Groupements d’Employeurs, Coopératives d’Activité et d’Emplois…
Panorama L’économie sociale & solidaire en Nouvelle-Aquitaine
(Publié par la CRESS Nouvelle-Aquitaine / 2018)
Source : Site de la CRESS Nouvelle-Aquitaine
L’ESS définit l’ensemble des entreprises appartenant à des groupements de personnes réunies sur les bases du volontariat, de l’égalité des voix et de la solidarité. Elle se distingue donc à la fois des entreprises publiques, puisqu’elle est de nature privée, de l’économie de proximité, qui réunit les très petites entreprises autour d’un entrepreneur et de l’économie capitaliste, composée des grandes sociétés de capitaux. Réunissant des personnes, l’entreprise d’ESS vise à répondre aux besoins collectifs des personnes. Pour cette raison, elle est fortement enracinée dans les territoires en tant que lieux de vie des personnes.
Cette économie touche de nombreux secteurs d’activités, en particulier : agriculture, artisanat, formation, services sociaux, culture, sport, environnement, épargne et crédit, assurance… Elle est très peu présente dans l’industrie, la principale raison étant que celle-ci exige la mobilisation de nombreux capitaux. Si la force de l’ESS est de réunir des personnes, sa principale faiblesse réside dans sa difficulté à attirer des capitaux.
Pour cette raison, elle est encore fortement dépendante de l’économie dominante. Dans des régions peu industrialisées, elle peut cependant fonder un développement alternatif. Cette idée se répand dans l’essentiel des pays depuis une dizaine d’années. Mais il s’agit plus de la résurgence d’un rêve ancien que d’une nouvelle idée.
Quatre temps pour embrasser le monde
Dès la fin du 18ème siècle, mais surtout à partir de 1830, des ouvriers français se réunissaient sur la base de leurs métiers et donnaient naissance aux premières associations ouvrières de production. Leur objectif était de changer le rapport au travail comme l’indique leur mot d’ordre, «abolition du salariat». L’espace était celui de l’association elle-même, vécue comme une petite république démocratique.
A la moitié du 19ème siècle, des travailleurs anglais se regroupaient pour acquérir à meilleur prix des produits de base. Ils créaient des magasins et fabriquaient leurs propres produits par l’acquisition d’un moulin ou d’un tissage avant de fonder une centrale d’achat. La coopération de consommation était née et allait s’étendre à l’Europe entière en moins de vingt ans. Les mutuelles, caisses d’épargne, associations sociales et culturelles, si nombreuses aujourd’hui, se rattachent à ce modèle : ce sont les usagers et non les salariés qui sont bénéficiaires de l’action du groupement de personnes.
La troisième période est celle qui voit l’accès à l’indépendance des pays de l’hémisphère sud pendant les années 1960. Dans tous les pays, les nouveaux gouvernants souhaitent prendre leur distance avec les deux modèles capitaliste et soviétique et favorisent le développement des associations villageoises et des coopératives agricoles et artisanales. L’internationalisation de l’ESS date de cette période, qui a fait du mouvement coopératif le premier mouvement social mondial, avec aujourd’hui près d’un milliard de membres.
L’Alliance Coopérative Internationale (ACI) devient la première association membre consultative de l’Organisation des Nations Unies. La majorité des associations coopératives sont dans le domaine agricole. Elles jouent un rôle essentiel en faveur de l’agriculture familiale et du maintien en zone rurale de nombreuses populations.
Par le nombre de membres (environ 200 millions) comme par le nombre de groupements (plus de 400 000), les pays comprenant le plus d’entreprises de l’ESS sont l’Inde (près de 200 millions de membres et plus de 400 000 associations coopératives), les Etats-Unis, le Japon (où 500 coopératives de consommateurs réunissent 26 millions de personnes) et l’Indonésie.
La première période a ainsi donné naissance aux coopératives de travail (en France, les Sociétés coopératives de production) et elle est essentiellement française et italienne ; la seconde a suscité l’essor des associations, mutuelles d’usagers et elle est d’abord anglaise puis européenne ; la troisième est agricole et artisanale et d’extension mondiale.[...]
Extrait de l'article de Jean-François Draperi, géographe paru dans Plumes d'Orfée "Faire avec, faire ensemble, faire autrement" (février 2015).
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